Pénurie de pétrole = effondrement ? La leçon des chocs pétroliers (2/3) - Osons Comprendre

Pénurie de pétrole = effondrement ? La leçon des chocs pétroliers (2/3)

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Manquer de pétrole c'est aller tout droit vers l'effondrement de nos sociétés. Mais est-ce si sûr ? Voyons ce que les chocs pétroliers de 1973 et 1979 peuvent nous apprendre à ce sujet.

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Points clés

  • Pour comprendre les risques d’une pénurie future de pétrole, il est bon de regarder les exemples du passé : les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. Ces chocs pétroliers ne sont pas le résultat d’une incapacité à produire mais de conflits géopolitiques. Les Etats-Unis, en apparence pas impliqués par ces événements, ont vu d’un bon oeil cette flambée des prix du brut et ont, selon certain, favorisé ces chocs.

 

  • On a vu que les deux chocs pétroliers de 73 et 79 n’ont pas juste fait monter les prix. Ils ont aussi entraîné de vraies pénuries de pétrole, qui ont duré plusieurs années. Particulièrement pour la France et l’Europe, la chute a été brutale.: il y’a eu des baisses de 10, 20, 25% de pétrole.

 

  • Face à ces pénuries violentes, l’Europe ne s’est pas “effondrée”. Un rationnement du pétrole a été organisé. L’aviation, l’éclairage public et l’automobile ont dû réduire leurs consommation. On a réservé le pétrole aux secteurs prioritaires : agriculture, industrie.

 

  • Mais éviter l’effondrement, ce n’est pas éviter la crise. Les pics pétroliers ont mis fin aux 30 glorieuses. La croissance économique a ralenti, le chômage de masse est apparu, et avec lui son lot de drames humains.

 

  • Les crises économiques et sociales déclenchées par les chocs pétroliers ont bouleversé l’ordre politique et géopolitique du monde. Le keynésianisme a semblé en échec, et le néolibéralisme a triomphé.

 

Sources et références

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Le rôle des États-Unis dans les chocs pétroliers

 

Pour en savoir plus sur le rôle des États-Unis dans les chocs pétroliers et, plus généralement, pour mieux comprendre l’histoire du pétrole, nous vous recommandons chaleureusement le livre de Matthieu Auzanneau L’or noir, la grande histoire du pétrole. Vous pouvez trouver ici le résumé qu’il en donne en compagnie de François Ruffin.  Nous vous résumons ici les grandes lignes de cette histoire méconnue des chocs pétroliers.

 

Les États-Unis ont longtemps été le premier producteur de pétrole. En 1971, Ils produisent un quart du pétrole mondial.

Seulement, 1971, c’est aussi l’année où la production américaine commence à décroître. Les vieux champs pétroliers atteignent leur “pic de production”.

 

Une montée des prix du pétrole est alors très intéressante pour les États-Unis  : un pétrole plus cher rend “rentables et exploitables” les nouveaux gisements d’Alaska et du golfe du Mexique. Des gisements beaucoup plus difficiles à exploiter mais absolument  nécessaires pour maintenir une importante production américaine.

 

Selon Matthieu Auzanneau, si les pays de l’OPEP se sont permis de multiplier par 4 le prix du pétrole en 1973, c’est parce qu’ils avaient en réalité le feu vert des américains.

Yamani, le ministre saoudien du pétrole de 1962 à 1986 a déclaré bien plus tard que la montée des prix avait été voulue par les Etats-Unis.

 

Les chocs pétroliers ont causé des pénuries de pétroles

Le premier choc pétrolier a couru de 1973 à 1975. Au niveau mondial, il a représenté une baisse de  “seulement” 2,34% de la production de pétrole

Le deuxième choc pétrolier c’est -(9.9% d’approvisionnement en pétrole entre 1979 et 1983. Cette baisse n’est pas négligeable, surtout qu’elle survient après les 30 glorieuses, période où la conso de pétrole a explosé et montait de +5% chaque année.

 

Si on regarde la situation de l’Union Européenne, on voit que la pénurie a été plus forte. La conso a baissé de 9.3% entre 1973 et 1975, et de 19.6% avec le 2eme choc pétrolier, entre 1979 et 1983.

 

En France, le coup est encore plus violent. Le premier choc pétrolier a baissé la consommation de pétrole de 12.7% en deux ans seulement. Le second a lui entrâiné une baisse de 26 % de la consommation de brut entre 1978 et 1985.

 

On voit que les chocs pétroliers ont été massifs en Europe et en France. Le même genre de baisses s’est produit dans d’autres pays très importateurs de pétrole comme le Japon. On a vraiment eu “moins de pétrole” d’un coup et pendant plusieurs années de suite.

 

La fin de la croissance des 30 Glorieuses

 

Les chocs pétroliers en un mot : c’est la fin des 30 Glorieuses pour les pays riches.

Avant les chocs pétroliers, le PIB augmentait chaque année de 5.1 %. Cette croissance  économique immense était permise par une croissance de la consommation en énergie elle-même tirée par le pétrole.

Les chocs pétroliers, en tarissant la source de pétrole, ont complètement bouleversé cet équilibre des 30 Glorieuses.

Après 1973, la consommation de pétrole n’augmentait plus que de 0.5 % chaque année, l’énergie utilisée de 0.8 % . Avec la fin de “l’open bar” énergétique , la croissance du PIB a été divisée quasiment par 2. La croissance n’était plus que de 2.8 % chaque année dans les pays de l’OCDE.

 

L’apparition du chômage de masse

La France est passée de moins de 2% de chômage en 1973 à 4% en 79 jusqu’à atteindre 8.5 % en 1985.

Le drame, c’est qu’on est jamais vraiment redescendu depuis. Le chômage varie selon la conjoncture mais il est à 8.8 % de moyenne depuis 1985.

Notre niveau de chômage aujourd’hui est donc en partie un héritage du manque de pétrole.

 

Les liens des extraits vidéos

 

Vous trouverez la conférence de Pablo Servigne ici. 

Il aborde la vulnérabilité de l’agriculture face à la pénurie de pétrole entre la 14ème et la 16ème minute de sa conférence.

 

Le documentaire sur la révolution iranienne est ici.

 

Les vidéos de l’INA se trouvent ici, et . En particulier, les chansons anti-gaspillage se trouvent ici.

 

L’extrait sur la montée du chômage peut être visionné ici.

 

Et surtout, last but not least, la formidable série « L’effondrement » des copains « Les Parasites ».