Origines de l'Union Européenne : Les "Pères fondateurs" et la superpuissance américaine - Osons Comprendre

Origines de l'Union Européenne : Les "Pères fondateurs" et la superpuissance américaine

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Quelles sont les origines de l'union européenne, et que nous apprennent-elles ? Entre les pères fondateurs - Jean Monnet, Robert Schuman, etc. - et les dates clés des manuels d'histoire, il manque souvent les infos essentielles pour comprendre ce qui s'est passé. Avec cette vidéo, vous verrez à quel point le passé éclaire notre présent et nos futurs possibles.

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Points clés

  • Si le projet d’intégration politique et économique de l’Europe a pu naître sur un continent marqué par des centaines d’années de guerre entre grandes puissances, c’est par la rencontre de deux acteurs.

 

 

  • Le premier acteur, c’est une famille politique : la démocratie chrétienne européenne. Les démocrates chrétiens, parmi lesquels on retrouve beaucoup de “Pères fondateurs” de la mythologie européenne (Schuman, Spaak, De Gasperi, Adenauer, Monnet), partagent le traumatisme des deux guerres mondiales ainsi qu’un anticommunisme certain. Ils sont convaincus que rapprocher les peuples européens dans des institutions communes permettra enfin de garantir la paix sur le continent. Cette “famille politique” se retrouve en 1948 au Congrès de La Haye qui réunit les européens convaincus.

 

  • Les États-Unis sont le deuxième acteur des origines de l’UE, et leur rôle est décisif. Il s’agit d’une des deux superpuissances vainqueurs de la guerre, et à cette époque, ils occupent militairement une grande partie de l’Europe de l’ouest. Les États-Unis comprennent très tôt que pour garder l’ouest dans leur camp, le projet de construction européenne sert leur intérêt.

 

  • Dans une Europe coupée en deux, ravagée par la guerre, les USA agissent très vite pour reconstruire l’économie de leurs alliés grâce à un plan massif d’aides économiques : le plan Marshall. Ce plan s’accompagne d’une vaste campagne de propagande – la 1ere grande réussite du soft power américain – et surtout, et c’est moins connu, les crédits du plan Marshall sont réparties dans la première institution européenne : l’OECE. On retrouve, à la tête de cette OECE créée en 1948, de nombreux fédéralistes européens, qu’on retrouvera par la suite aux postes clés de la construction européenne.

 

  • Si l’OECE est la première institution européenne, la première grande étape “officielle” de la construction européenne est plutôt la CECA fondée en 1951. Il s’agit d’un traité instituant entre les pays de “l’Europe des 6” – France, Allemagne de l’ouest, Italie et Benelux – la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. Concrètement, la CECA est un grand marché commun pour les deux matières les plus importantes de l’époque : le charbon, première énergie, et l’acier, matière première de l’industrie, et ressource stratégique pour l’armement. Ce marché commun est sous l’autorité d’une instance supranationale, qui fixe les règles de production et de concurrence, l’ancêtre de la Commission européenne, dont le premier président est Jean Monnet.

 

  • On retrouve les États-Unis au cœur de ce projet de CECA. Les Américains ont demandé à Jean Monnet d’imaginer un projet pour permettre la reconstruction industrielle de l’Allemagne. Monnet a élaboré le projet de CECA et les Américains ont été informés de son contenu avant le pouvoir français. C’est aussi Monnet qui a écrit la “déclaration Schuman” – du nom de Robert Schuman, ministre des affaires étrangères français – discours fondateur de la CECA, prononcée le 9 mai 1951, jour devenu depuis “la journée de l’Europe”. La déclaration Schuman était même un coup de force. L’ensemble des ministres français n’a été informé de ce projet de CECA que le jour même et encore, Schuman en avait minimisé la portée. On comprend donc avec la CECA, que la construction européenne a débuté par l’économie, par un “petit pas” porté en secret par une élite politique décidée et appuyée par les États-Unis, et sans grand débat démocratique.

 

  • L’étape suivante, la CED, la communauté européenne de défense, touchait beaucoup plus directement à la souveraineté des États. Mettre en commun la défense, c’était l’idée de Monnet et Schuman pour permettre aux Américains de réaliser un objectif majeur pour leur guerre froide : permettre à l’Allemagne de l’ouest de remobiliser une armée. Placer les soldats allemands sous le drapeau d’une armée européenne était une solution parfaite pour rassurer les autres pays, traumatisés par le nazisme. Il faut toutefois savoir que cette CED allait être placée sous le commandement direct de l’OTAN et, donc, des États-Unis.

 

  • Ce projet d’Europe politique, d’Europe de la défense sous tutelle américaine, a été ratifié dans tous les pays européens jusqu’à son passage en 1954 devant le Parlement français, qui a voté contre sa ratification. Le projet a échoué du fait de l’opposition des communistes, bien sûr, mais aussi des gaullistes – qui ont joué un grand rôle – d’une partie des socialistes, et même de certains chrétiens démocrates pourtant plutôt pro européens, comme le Président du conseil d’alors, Pierre Mendès France. La perte de souveraineté et les craintes de réarmements allemands emportèrent la campagne d’opinion précédant le vote, et la CED fut rangée dans un tiroir.

 

  • Pour les États-Unis, cet échec a été vite oublié : dès l’année suivante, ils obtenaient le réarmement de l’Allemagne dans l’OTAN. Europe ou pas, ils ont obtenu ce qu’ils voulaient. Par contre, ce premier grand échec de la construction européenne a marqué pour longtemps les politiques pro européens. Ils en ont tiré qu’il fallait, comme dans le CECA, commencer par des “solidarités de fait”, commencer par l’intégration économique du grand marché européen, et seulement dans un second temps, construire l’europe politique. Autre enseignement de l’échec de la CED : lorsqu’un projet d’intégration européenne suscite une vaste campagne d’opinion, il court le risque d’être rejeté par le peuple.

Sources et références

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Cette vidéo est une vidéo d’histoire, beaucoup plus difficile à sourcer que les vidéos habituelles.

 

Je vais donc tâcher de vous fournir une bibliographie de sites internet utiles, pour s’informer de l’histoire de la construction européenne. Je mettrai en évidence les sources correspondantes aux faits “moins connus” que nous développons dans la vidéo.

 

Les sites d’informations généralistes

 

 

Sur le site du CVCE, vous retrouverez d’abord tous les traités, discours et actes écrits fondateurs de la construction européenne.

Les sections “Organisations européennes” et « Événements historiques” sont particulièrement bien faites.

Plus généralement, n’hésitez pas à chercher des mots clés dans la barre de recherche, vous ne serez pas déçus.

 

 

Sur le site “Toute l’Europe” vous trouverez des articles d’actualité européenne et de nombreux articles d’histoire qui décryptent chaque étape, chaque traité , chaque moment important de la construction européenne.

 

Voici l’article sur les origines de l’UE.

 

La déclaration Schuman : un coup de maître

 

Comment la CECA s’est faite ?

 

A la baguette, on retrouve les Etats-Unis. Administrant une grande partie du territoire ouest allemand, ils voyaient d’un très bon œil que les Allemands reprennent la main sur le charbon et l’acier.

 

Acheson, qui en 49 a succédé à Marshall au poste de secrétaire d’Etat US, charge Monnet et Schuman de trouver une solution qui convienne à la France.

C’est Jean Monnet qui imagine de créer un marché régulé par une autorité supranationale, la haute autorité du charbon et de l’acier, qui est une sorte d’ancêtre de la Commission européenne.

 

Au passage, pour rassurer les Américains qui craignaient la naissance d’un grand cartel européen de l’acier, Jean Monnet n’hésite pas à importer des règles de concurrence très exigeantes, déjà en cours dans le droit américain. On a là les origines du rôle clé de la “concurrence libre et non faussée” dans la construction européenne.

 

Et c’est toujours Jean Monnet qui est derrière le fameux discours que Robert Schuman prononce le 9 mai 1950, pour dévoiler le projet de la CECA. Cette date marque, depuis, la “Journée de l’Europe”.

 

Dans ce discours, on retrouve plusieurs idées importantes. L’idée que la construction européenne doit commencer par la construction de solidarités concrètes – en d’autres termes par l’économie – et l’idée que ça doit se faire “à petit pas”.

 

Mais au-delà du discours, la manière dont la CECA a été décidée est elle-même très importante. Il faut savoir que tout ça a été organisé et préparé dans le plus grand secret.

 

Robert Schuman était alors ministre des affaires étrangères, mais il n’a pas préparé son plan avec les députés de sa majorité, ni même avec son gouvernement. Il l’a préparé avec les Américains, qui ont aussi été les premiers à en être informés et à le valider.

 

Robert Schuman n’a révélé le projet de la CECA au conseil des ministres que le jour même de son fameux discours. Et encore, lors du conseil, il le présente comme un “ballon d’essai”.

 

La déclaration Schuman, était un coup de force !

 

Mais ce coup de force originel a marché. Quelques minutes après le discours Adenauer, premier chancelier de la RFA, approuve publiquement le projet.

 

Les parlementaires français ont suivi ce fait accompli, et plusieurs pays ont vite demandé de rejoindre le projet.

 

Ces pays ont formé l’Europe des 6,  les 6 pays fondateurs de l’Europe : la France bien sûr, l’Allemagne de l’Ouest, mais aussi l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.

 

Si vous êtes étonnés par les méthodes très “secrètes” de Monnet et Schuman, vous n’êtes pas les seuls. Le général De Gaulle aussi se méfiait grandement de Schuman et Monnet et les voyait comme “les hommes des Américains » [ source : Peyrefitte. C’était de Gaulle ].

 

Attention, ce qu’on vient de dire ne signifie pas que Schuman ou Monnet servaient les Etats-Unis, ou qu’ils étaient corrompus. Ils étaient sûrement convaincus intimement par le projet d’intégration européenne et étaient probablement contents d’avoir l’appui décisif des américains pour soutenir leur propre agenda.

 

Mais ça montre clairement que le premier traité fondateur de la construction européenne, le CECA, a été suivi de très prêt par la superpuissance américaine. qui avait intérêt à faire accepter par la France la reconstruction de l’industrie Allemande.

 

Sources de points précis