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L'inflation est-elle sous-estimée ? Avec Heu?reka

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L'inflation est-elle sous-estimée ? Notre niveau de vie a-t-il baissé, rogné par les prix de l'immobilier, sans que l'inflation officielle ne le montre ? C'est quoi, vraiment, l'inflation ? Avec Gilles, de la chaîne Heu?reka

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Points clés

L’inflation est-elle sous-estimée en raison d’une mauvaise prise en compte des prix de l’immobilier ? La question mérite d’être posée. Entre 1980 et 2020, les prix de l’immobilier en France ont été multipliés par 5.6 en moyenne et par encore davantage dans les grandes villes – à Paris par exemple, ils ont été multipliés par 13.5 ! Dans le même temps, les prix n’ont même pas été multipliés par 3 ! Quand on sait la part que représentent les dépenses de logements dans les budgets des ménages, on peut se demander si la hausse des prix moyenne que constitue l’inflation n’est pas mal mesurée.

Vérifier cette hypothèse demande de bien comprendre ce qu’est l’inflation. L’inflation mesure la hausse des prix “à qualité égale” pour comprendre l’impact de la hausse purement monétaire des prix sur le niveau de vie. D’où la nouvelle question, comment l’INSEE mesure-t-elle les variations de qualités entre plusieurs biens ? Calculer cela est forcément difficile donc l’INSEE essaye de produire – pour chaque bien – une grille de critères la plus stable et objective possible pour mesurer les variations de qualités. Malgré ces critères standardisés qui permettent de comparer les produits dans le temps et entre différents pays, la mesure de la qualité – et donc le calcul de l’inflation – reste en partie arbitraire.

On comprend mieux ce que signifie une “hausse du pouvoir d’achat”. Le pouvoir d’achat d’un ménage (ou son niveau de vie) augmente lorsque ce ménage parvient, avec ces revenus, à acheter “plus de qualité de vie” que l’année précédente. Il est donc possible que le pouvoir d’achat augmente en raison de l’augmentation de qualité des produits et qu’à la fin du mois, le ménage n’ait pas davantage d’argent sur son compte. Le pouvoir d’achat ne correspond pas forcément avec la perception de richesse (ou de pauvreté) des ménages.

La perception de richesse est mieux mesurée par le revenu arbitrable, concept qui désigne le revenu restant une fois toutes les dépenses automatiques ou “pré-engagées” déduites (gaz, assurance, forfait mobile, loyer, crédits etc.). Ces dépenses représentent en moyenne un tiers de la dépense des ménages en 2017. Chez les plus pauvres, les dépenses automatiques sont passées de 31 % en 2001 à 41 % en 2017, d’où un légitime sentiment d’appauvrissement.

Il faut également distinguer coût de la vie et inflation. L’inflation mesure une variation annuelle (nette de qualité) des prix alors que le coût de la vie mesure le prix de différents biens et services à un instant T. L’inflation en Allemagne est aujourd’hui supérieure à l’inflation en France mais le coût de la vie à Berlin est beaucoup plus bas qu’à Paris. Le coût de la vie peut augmenter sans tirer avec lui l’inflation. Netflix, la salle de sport, le smartphone sont autant de biens et de services qui constituent la “vie socialement acceptable” aujourd’hui mais qui n’existait pas il y a 20 ans. On peut donc avoir le sentiment de s’être appauvri non parce que les prix ont augmenté mais parce que la vie aujourd’hui nécessite davantage de biens et services et ainsi nous coûte plus cher.

Sources et références

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Les prix de l’immobilier

Pour les prix des l’immobilier, le meilleur document qu’on ait trouvé est le “Cours sur les prix de logement à long terme” de Jacques Friggit, ingénieur au Conseil général de l’environnement et du développement durable.

Vous y trouverez l’évolution des prix dans plusieurs zones, une décomposition du marché entre locataires et propriétaires, des évolutions des taux d’emprunts, c’est une vraie mine d’or que nous utiliserons à plein dans la seconde vidéo de cette série avec Heu?reka.

Pour plus de détails, voici les liens vers les prix de l’immobilier en région parisienne et les prix à Paris.

Le budget des ménages et l’inflation

Les statistiques sur l’inflation et le budget des ménages proviennent des tableaux détaillés issus de l’enquête “Budget des familles” de l’INSEE menée en 2017.

Le poids du logement dans l’inflation, thème du second volet de cette série avec Heu?reka, est examiné par l’INSEE dans cette publication de 2019.

Eric Dor, un économiste hétérodoxe, critique et complète les conclusions de l’INSEE dans cet article scientifique récent de mai 2021.

Coût de la vie et dépenses pré-engagées

Les éléments sur le coût de la vie à Paris et Berlin viennent du comparateur international “Numbeo” qui fournit des éléments sur le prix de divers biens et services partout dans le monde.

Enfin, le graphique sur l’évolution du poids des dépenses pré-engagées dans les dépenses des ménages entre 2001 et 2021 provient d’un rapport de France Stratégie publié en août 2021.