La France devient-elle un pays d'extrême droite ? - Osons Comprendre

La France devient-elle un pays d'extrême droite ?

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L'extrême droite n'a jamais été aussi puissante dans les urnes et près du pouvoir. Pourtant, des enquêtes sérieuses démontrent que, depuis 30 ans, les Français sont de plus en plus tolérants. Comment expliquer un tel décalage ?

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Points clés

  • Quand on voit les scores de l’extrême droite aux élections, on peut avoir (légitimement) l’impression qu’ils sont à deux doigts du pouvoir et que la France est devenue de moins en moins tolérante. Pourtant, on est tombé sur une enquête sérieuse de la Commission Nationale des Droits de l’Homme qui documente l’inverse.

 

  • Entre 1990 et 2022, l’indice longitudinal de tolérance – indice construit par des sociologues qui mesure l’attitude des Français par rapport aux minorités raciales et religieuses – ne fait que progresser. D’autour de 50 en 1990, il est aujourd’hui autour de 65.

 

  • Ce progrès de la tolérance s’observe pour chaque minorité. Noirs, Maghrébins, Juifs, Musulmans sont mieux tolérés aujourd’hui que par le passé. Il n’y a que les Roms, minorité la moins tolérée, qui voit son traitement inchangé. La tolérance progresse aussi envers les femme, les LGBT et l’autoritarisme décline.

 

  • La tolérance progresse avec les générations (les personnes nées après 1987 sont plus tolérantes que les personnes nées dans les années 1950) et avec le temps. La génération 1987 est plus tolérante aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a 5 ans.Pour expliquer ce progrès de la tolérance, les sociologues évoquent un progrès du niveau de diplôme et un déplacement des expériences sociales.

 

  • Comment expliquer que, malgré ce progrès mesuré de la tolérance, l’extrême droite progresse électoralement ? Le premier élément à invoquer est l’abstention différentielle. Les populations les plus jeunes (et les plus tolérantes) s’abstiennent beaucoup plus que les plus âgées. L’extrême droite, et surtout la droite classique, tirent les profits électoraux de ce décalage entre la France réelle et la France qui vote.

 

  • Le second élément explicatif est le cadrage politique. Dans les années 1970-80, une France plus raciste pouvait voter moins à l’extrême droite parce que les préoccupations migratoires et sécuritaires passaient au second plan par rapport à la construction de l’état social et à l’égalité des salaires. Aujourd’hui, les préoccupations sociales sont moins importantes comme le montre l’indice longitudinal des préférences sociales.

 

  • Enfin, le cadrage médiatique peut aussi expliquer cette montée électorale de l’extrême droite. L’immigration est plus présente que jamais sur les écrans de télé et les chercheurs ont montré à la fois que + d’immigration à la télé encourage les opinions polarisées sur le sujet et qu’un traitement plus ou moins favorable de l’immigration pouvait influencer dans le même sens l’opinion des électeurs.

Sources et références

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DISCLAIMER : Cette vidéo a été écrite et tournée avant la campagne des législatives de l’été 2024.

 

 

Introduction

 

La France est-elle en train de devenir un pays d’extrême-droite ?

Quand on regarde le résultat des élections en général, et aux européennes de 2024 en particulier, il y a de quoi se poser sérieusement la question. Avec le RN et Reconquête à 37%, l’extrême-droite n’a jamais semblé aussi proche du pouvoir. Pourtant, il y’a quelques décennies, c’était loin d’être gagné.

Parti d’un ridicule 0,75% des voix à la présidentielle de 1974, le Front National de Jean-Marie Le Pen, remaquillé en Rassemblement National par Marine Le Pen, a obtenu 23,2% des voix au premier tour de la présidentielle de 2022.

Si on ajoute les 7% de Zemmour et les 2% de Dupont Aignan, l’extrême-droite française a totalisé 32% des voix du premier tour en 2022 : presque un électeur sur 3, et plus de 11.1 millions de voix.

Au deuxième tour, Marine Le Pen et ses 41.5 % est allée au-delà : elle a rassemblé 13.3 millions de voix. 2.2 millions de plus qu’au premier. L’extrême droite a donc gagné du terrain.

[ SOURCE : Ministère de l’intérieur, « Les archives des résultats des élections en France » ]

 

Ce n’est pas un hasard puisque, du côté de la droite historique, le parti “Les Républicains” s’est rapproché des propositions de l’extrême-droite, notamment sur l’immigration et la sécurité.

Un symbole de cette radicalisation à droite : l’actuel président du parti,Eric Ciotti a repris à son compte sans sourcilier le thème raciste du Grand Remplacement, thème qu’on a décortiqué ensemble dans cette vidéo.

Au second tour de la présidentielle de 2022, le même Ciotti a annoncé qu’il ne voterait pas Macron, et qu’il n’excluait pas de voter Marine Le Pen. En cela, l’actuel dirigeant des Républicains marque une rupture nette avec la tradition de “barrage républicain”. Et après l’annonce par Macron de la dissolution de l’Assemblée, Ciotti à carrément annoncé s’allier au parti de Marine le Pen.

 

Emmanuel Macron et ses soutiens politiques, parlons-en. Depuis 2017, le centre de gravité politique du macronisme s’est fortement déplacé vers la droite,

Il y a les gestes symboliques comme la – très zemmourienne – réhabilitation de Pétain, les obsessions de Jean-Michel Blanquer pour l’islamo gauchisme ou le wokisme qui pervertirait nos écoles, ou encore la sortie de Darmanin qui qualifiait Marine Le Pen de “molle”.

Il y a aussi les actes comme la répression brutale – et sans garde-fou judiciaire – des manifestations, qu’il s’agisse des Gilets Jaunes, de Sainte Soline ou des mouvements contre les retraites. Il y a eu les circulaires sur l’abaya et la funeste loi “immigration” de 2023 qui a fait dire à Edwy Plenel ou à des associations comme Emmaüs, ATD Quart Monde ou encore Médecin du monde que l’extrême-droite avait, grâce à cette loi, obtenue ce qu’elle demandait depuis des décennies.

Bref, on est bien loin du “en même temps”, droite et gauche, qui a permis à Macron de gagner sa première élection avec la moitié du Parti Socialiste.

 

Du côté du système médiatique, l’extrême-droite est de plus en plus à l’aise.

On ne compte plus les sujets sur la “dédiabolisation” du RN, sur les animaux de Marine Le Pen ou sur la nouvelle respectabilité de l’extrême droite.

Sur ce sujet, on vous conseille la série Rhinocéros, de Usul et Lumi sur Blast, et en particulier leur vidéo : “Racisme et média, un aveuglement coupable, voire complice

Plus fondamentalement, il existe maintenant des médias importants qui ne se cachent plus de poursuivre un projet idéologique réactionnaire.

Vincent Bolloré, qui, il faut le rappeler, a fait le gros de sa fortune en Afrique, s’est construit depuis quelques années un véritable empire médiatique – de Canal à Cnews, en passant par Europe 1, C8 et sa star, Hanouna.

La sociologue Claire Sécail a montré, chiffres à l’appui, comment les médias de Vincent Bolloré sur-invitent et mettent à l’honneur l’extrême-droite, comment ils marginalisent tout ce qui ressemble de près ou de loin à la gauche, et comment ils ont propulsé la candidature d’Eric Zemmour en 2021-2022.

Tout ça, on l’a montré en détails en 2021 dans cette vidéo, intitulée “Zemmour n’est qu’un début. Le projet Bolloré”. Elle n’a pas pris une ride.

Et Bolloré n’est pas seul, l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, porte étendard historique de l’extrême droite continue ses couvertures tout en nuance et subtilité.

Marianne, hebdomadaire qui glisse de plus en plus à droite s’apprête à être racheté par Pierre-Edouard Stérin, un autre milliardaire traditionaliste proche de l’extrême droite.

Du côté du service public, la suspension de Guillaume Meurice a fait beaucoup de bruit, mais on a moins entendu parler des suppressions d’émissions écolo – comme Vert de rage ou Nowu – ou d’émissions sociales – comme les reportages de Giv Anquetil ou Antoine Chao.

[ SOURCE : Reporterre, “Radio France : « La Terre au carré » sauvée, l’écologie toujours menacée”, 21 mai 2024 ]

 

Entre d’un côté la pratique du pouvoir actuel, les résultats électoraux de l’extrême-droite, l’état du débat public dans un système médiatique qui s’est fortement droitisé, et de l’autre côté la relative faiblesse politique de la gauche et des écologistes, on peut se dire que le pays n’a jamais été aussi proche d’un basculement à l’extrême-droite.

Alors, les Français se sont-ils peu à peu droitisés ?  Est-ce que la France est en train de devenir un pays d’extrême-droite ?

Avec ce qu’on vient dire, on peut être tenté de répondre oui. Mais on risquerait de rater toute une partie, essentielle, du réel, de ce que sont la France et les Français.

 

Car lorsqu’on regarde l’évolution des valeurs des Français depuis plus de 30 ans, on découvre une autre histoire. Une histoire dont on entend si peu parler qu’on peut facilement passer à côté, mais qu’il est indispensable de connaître pour garder un peu d’espoir quand on est pas fan de Zemmour, Le Pen et Bolloré.

Enquête après enquête, il apparaît que sur le long terme, les Français sont de plus en plus tolérants.  Les Français n’auraient même jamais été aussi tolérants qu’aujourd’hui.

Honnêtement, la première réaction, surtout après ce qu’on vient de dire, c’est qu’on peine à y croire. Est-ce que c’est bien vrai ? Comment est-ce possible ? Pourquoi voit-on si peu cette France tolérante dans les médias et dans les urnes ?

C’est ce qu’on va voir ensemble aujourd’hui, et je vous préviens, restez bien jusqu’au bout : on est pas au bout de nos surprises, et comme souvent, c’est pas impossible que vous sortiez de cette vidéo un peu moins déprimés qu’après notre intro et avec quelques raisons d’espérer.

 

35 ans de progrès de la tolérance des Français

 

Le point de départ de cette vidéo, ça a été un moment où on était en train de bader sur les résultats électoraux de l’extrême-droite, je sais même plus quelle élection c’était, et où on est tombé un peu par hasard sur une grande enquête qui mesure depuis plus de 30 ans l’évolution de la tolérance des Français, pour la Commission des Droits de l’Homme.

[ SOURCE : CNCDH, “Rapport La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie – Année 2022”, 2023 ]

Cette enquête interroge les Français sur leur rapport à l’immigration et aux minorités. Elle avait deux particularités, qui nous ont tout de suite éveillé notre intérêt :

D’abord, elle est menée par des sociologues, qui posent les questions aux gens dans des entretiens en face à face, et pas par des sondeurs sur Internet. La méthode est stable dans le temps, et bien contrôlée.

Deuxième particularité de notre enquête sur la tolérance, c’est sa longévité. Elle a été démarrée en 1990. Beaucoup de ses 75 questions sont posées depuis longtemps, ce qui permet d’avoir un “Indice longitudinal de tolérance” nous montrant comment la tolérance des Français vis-à-vis des étrangers et des minorités a évolué depuis plus de trente ans.

[ SOURCE : CNCDH, “Rapport La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie – Année 2022”, 2023, p.139 et Encadré 1 p.140 ]

Un exemple :  à la proposition “ Les Juifs français sont des Français comme les autres ”, vous pouvez répondre “tout à fait d’accord”, « plutôt d’accord », “plutôt pas d’accord » ou « pas du tout d’accord ». Sachez que dans la construction de l’indice de tolérance, seule la réponse “tout à fait d’accord” est classée comme “tolérante”.

[ SOURCE : CNCDH, “Rapport La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie – Année 2022”, 2023 p.144 ]

Oui, les sociologues considèrent que dire “je suis PLUTÔT d’accord que les Juifs Français sont des Français comme les autres” c’est une nuance qui signale déjà une intolérance chez le répondant.

Dans les 75 items de l’enquête, vous avez d’autres questions sur les Juifs, et vous en avez aussi sur les Noirs, les Maghrébins, les musulmans, les Roms, les asiatiques, les Chinois, le multiculturalisme, ou encore l’immigration en général.

C’est à partir des réponses à toutes ces questions que les sociologues construisent un “indice longitudinal de tolérance” qu’on peut suivre depuis 1990.

[ NB : Pour voir le questionnaire complet (et les réponses proposées) en 2021 c’est ici : CNCDH, “Rapport La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie – Année 2021”, Annexe 4 “Fiche technique du sondage d’opinion”, pp.341 et sq. ] 

 

Et là, surprise, les Français semblent de plus en plus tolérants.

 

Juifs, noirs, maghrébins, musulmans, roms

 

Alors qu’au début des années 90, l’indice de tolérance était autour de 50, on est aujourd’hui vers 65 ! La progression est indéniable.

Comment expliquer cette progression ?  Une des causes, c’est la progression du niveau d’éducation de la population sur les dernières décennies, une progression dont on a parlé  dans cette vidéo sur la question de l’effondrement du niveau à l’école.

Mais laissons Vincent Tiberj – prononcer “TIBERI” – qui, en plus d’élargir le champ de nos prononciations, se trouve être le sociologue qui a créé en 2008 cette indice longitudinal de tolérance, et qui va nous accompagner dans cette vidéo. Comment il explique cette progression ?

 “D’abord y a l’élévation du niveau de diplôme. Et effectivement les citoyens d’aujourd’hui n’ont jamais été aussi diplômés, n’ont jamais été aussi en capacité de s’informer, en capacité d’aller chercher de l’information par internet, et surtout de la traiter. C’est ça le truc intéressant. Nos citoyens sont parfaitement capables de traiter de l’information […] ça aboutit à ce que sur les questions d’égalité homme femmes, sur les questions d’homosexualité, sur les questions d’homoparentalité, sur les questions même d’autorité, sur les questions de xénophobie, on est de moins en moins xénophobes.”

[ SOURCE : POLITEIA#55 | La France est-elle de plus en plus de droite ? | Vincent Tiberj, 19 janvier 2022, 15ème minute ]

 

Ok, le niveau d’éducation joue un rôle dans l’augmentation de la tolérance sur le long terme.

Mais l’indice connaît, malgré tout, des variations, parfois importantes en seulement quelques années. Il a par exemple plongé entre 2008 et 2013.

Ca correspond au moment de la crise financière de 2008, et surtout à ses conséquences : crise de l’euro, explosion du chômage, perte de niveau de vie, économie en berne et cures d’austérité dont on a expliqué dans ces deux vidéos, les ravages – mesurés par les économistes, même les plus mainstream.  [Vidéo 1Vidéo 2 ]

Cette période difficile a fait chuter la tolérance. Mais à partir de 2014-2015, notre indice de tolérance est remonté en flèche, alors même qu’on entrait dans la phase “crise des migrants”, attentats du Bataclan et de Charlie Hebdo, dont on aurait pu penser qu’ils auraient pu nourrir une crispation intolérante.

[ SOURCE : CNCDH, “Rapport La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie – Année 2022”, 2023, p.149 ]

 

La progression de la tolérance des Français se décline par minorité.

Depuis 1990, La tolérance envers les Noirs stagne, mais les Français noirs sont la minorité la mieux tolérée.

La tolérance envers les Français juifs et maghrébins partait de plus bas dans les années 90, mais elle a bien progressé. Les Juifs et les Arabes sont de plus en plus vus comme des Français comme les autres.

Pour les Maghrébins, on a aussi eu un effet coupe du monde 98, qui nous fait penser aux buts de  Zizou

Quand on pose la question du rapport à l’Islam et aux musulmans, l’indice de tolérance partait d’encore plus bas en 1990, mais il a bien monté. Et ça, je ne sais pas pour vous, mais pour nous, ça a été quand même étonnant de le découvrir.

 

Si on reste focalisé sur le résultat des élections ou sur les débats politico-médiatiques – voile, islamisme, abaya, etc. – on pourrait facilement penser que les Français sont aujourd’hui plus intolérants envers l’Islam et les musulmans que dans les années 90 ou 2000.

Mais c’est l’exact inverse qu’on observe !

Alors certes, la tolérance envers l’Islam et les musulmans reste un bon cran en dessous de celle envers les Juifs ou les Noirs – il faut bien le noter – mais c’est intéressant de voir que les Français évoluent en réalité dans le sens d’une plus grande tolérance.

Les grands perdants de l’évolution de la tolérance, c’est les Roms. La tolérance envers cette minorité est la plus basse, et elle ne s’améliore pas.

 

Mais globalement, minorité après minorité, on voit que la tolérance a progressé. On pourrait dire que de ce point de vue, les Français se sont “gauchisés”.

Il faut se rappeler de certaines dingueries qu’on pouvait voir et entendre dans les années 90 pour prendre conscience du chemin parcouru.

 

En 1991 sortait le single “La Zoubida” de Vincent Lagaf, un animateur de jeux télé de TF1. Je vous laisse découvrir le fantastique “message” de la chanson.

Ce morceau ouvertement raciste était diffusé en boucle sur les chaînes nationales et est resté 11 semaines à la première place des ventes de single. Avec 625 000 exemplaires vendus, c’est le 331ème morceau le plus vendu de France, juste derrière “We are the champions” de Queen. Mouais… pas jojo.

[ SOURCE : Infodisc, “Meilleures ventes de 45T, single et téléchargement de tous les temps – Streaming exclus”, Fin 2018 ]

Un tel succès et une telle exposition “mainstream” pour une chanson ouvertement raciste semblerait totalement impensable aujourd’hui. Les valeurs se sont décalées et, comme le mesure notre enquête, les préjugés contre les maghrébins ont reculé.

 

Les jeunes sont plus tolérants…

 

C’est particulièrement vrai pour les générations les plus jeunes qui sont beaucoup plus tolérantes que leurs aînés.

Ce graphe nous montre chaque “génération” dans une couleur différente, et l’évolution de leur tolérance au cours du temps.

On voit que pour n’importe quelle année, les + 70 ans – nés entre 1940 et 55 – sont bien moins tolérants que les – 35 ans – nés après 1987. Plus on est jeune, plus on est tolérant.

Pourquoi ? Selon les sociologues, ça s’explique en partie par la progression du niveau de diplôme mais aussi parce que chaque génération grandit avec les préjugés du monde dans lequel elle a grandi. Et par conséquent, les valeurs des + de 70 ans traduisent “l’écho d’un monde ancien” où le racisme biologique était admis, voire évident.

[ SOURCE : CNCDH, “Rapport La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie – Année 2022”, 2023, p151 ]

 

… mais les anciennes générations deviennent plus tolérants au cours du temps

 

Et il faut remarquer un phénomène très intéressant : chaque génération devient plus tolérante en vieillissant. La génération née entre 1940 et 1955 par exemple, celle de mes parents, est passée d’un indice de tolérance d’environ 40 au début des années 2000 à presque 60 aujourd’hui.

Ça peut être surprenant, parce que ça va complètement à l’encontre du cliché populaire du “vieux con”, qui devient de plus en plus fermé en vieillissant.

On pense à des trajectoires à la Michel Onfray, qui a commencé porte étendard de l’éducation populaire libertaire, proche de la gauche radicale – il a appelé à voter pour Olivier Besancenot, candidat du NPA, en 2007 – et qui a fini par servir la soupe à l’extrême droite,

En réalité, contrairement à Michel, la plupart des gens deviennent plus tolérants en vieillissant qu’ils ne l’étaient, jeunes. Etonnant, non ?

Dites-vous que même les plus jeunes, ceux nés après 1987, comme moi, sont plus tolérants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a 10 ans.

Cette évolution des valeurs des Français vers plus de tolérance, on la retrouve pour d’autres sujets.

 

Genre, LGBT, les mêmes progrès de la tolérance

 

Une autre enquête de Vincent Tiberj nous permet de voir par exemple que l’homosexualité est devenu de plus en plus acceptée depuis les années 90, y compris pour les générations les plus anciennes.

“On part au milieu des années 70 de questions où à peine un Français sur 5 considérait que l’homosexualité était une manière acceptable de vivre sa sexualité. Aujourd’hui c’est plus de 90%. De la même façon, au début des années 2000, on n’avait que 30% des Français qui étaient d’accord avec l’idée que les couples homosexuels puissent adopter des enfants. Au moment du débat sur le mariage pour tous, on était monté à 50%, soit déjà une considérable progression en moins de 10 ans”

Vincent Tiberj

[ SOURCE : chaîne Youtube de Mediapart, Vincent Tiberj: «La droitisation de la société française est une illusion», 13 août 2014, autour de 3min ]

Les Français sont aussi de moins en moins nombreux à dire que les femmes sont uniquement faites pour avoir des enfants et sont de plus en plus opposés à la peine de mort.

Dans les dernières années, le mouvement MeToo a fait progresser – notamment auprès des hommes – la conscience du harcèlement et des agressions sexuelles. Y compris auprès d’hommes qui se pensaient “progressistes”.

C’est seulement quelques exemples, mais d’autres enquêtes du même type montrent les mêmes résultats. Globalement, le sexisme recule, et la tolérance envers les minorités – ethniques, religieuses, sexuelles – augmente. Encore une fois, de ce point de vue, les Français se sont “gauchisés”

[ SOURCE : voir par exemple Pierre Bréchon.”L’enquête European Values Study, une grande tradition de recherche sociologique et politologique”. 2019 ]

 

Petite nuance, quand même. Si un Français, appelons le Gustave, pensait en 1995 que le rôle des femmes était de uniquement de faire des enfants, et qu’il ne le pense plus en 2024, ça ne veut pas dire que Gustave sera perçu comme plus “à gauche” ou même comme plus “tolérant” qu’il ne l’était en 1995.

Parce qu’avec l’augmentation de la tolérance dans la société, les débats eux aussi évoluent, et les exigences de tolérance augmentent. Peut-être que Gustave en 2024 est outré par les “abus de mee too”, ou qu’il pense, que les écoles incitent les enfants à devenir trans, et qu’il est toujours bien réac, relativement à la société de 2024.

 “Il y a toujours une polarisation extrêmement forte, au sein de l’électorat sur ces questions-là. [cutter la micro hésitation] on s’est opposés sur le PACS, avec des camps extrêmement durs l’un face à l’autre, clairement aujourd’hui la droite qui s’était opposée au PACS, est en faveur du PACS, mais elle s’oppose également à l’avancée des droits pour les homosexuels en matière d’adoption. Néanmoins, ce que je veux vous dire par là, c’est que vous avez des évolutions de long terme qui sont plutôt vers la tolérance, et puis vous avez quand même une polarisation de la société française qui reste extrêmement dure. Néanmoins, la société française aujourd’hui, reste beaucoup plus ouverte, qu’il y a même 10 ans.

Vincent Tiberj

[ SOURCE : chaîne Youtube de Mediapart, Vincent Tiberj: «La droitisation de la société française est une illusion», 13 août 2014, autour de 4-5min ]

 

Cela dit, on est quand même face à un mystère, en tout cas à une question pas évidente : comment expliquer qu’on puisse avoir à la fois une ascension politique de l’extrême-droite et un fort sentiment de droitisation de la France, et en même temps un mouvement de fond d’expansion de la tolérance sur plusieurs décennies ?

 

 

Si les Français sont de plus en plus tolérants, pourquoi l’extrême-droite atteint des sommets ?

 

La tolérance augmente, mais tout n’est pas rose

 

D’abord, il faut dire que l’enquête de la Commission des Droits de l’Homme ne montre pas que des choses roses. Si, au niveau agrégé, on remarque une progression de la tolérance, on voit tout de même que la discrimination et les préjugés racistes restent importants.

Sur 100 Français interrogés, environ 20 ont des préjugés contre les personnes noires, 30 contre les juifs et les maghrébins, 40 contre les musulmans et 60 contre les Roms, communauté la plus rejetée selon ces enquêtes. C’est encore loin d’être merveilleux.

Quand on regarde les opinions, non plus sur des communautés en particulier, mais sur un phénomène général, comme l’immigration, on voit aussi que l’intolérance est encore bien présente.

En 2022, plus de la moitié des Français jugent qu’il y a “trop d’immigrés en France” et 42 % font de l’immigration la principale cause de l’insécurité.

Sur le long terme, ces préjugés reculent, mais on remarque tout de même que lors de la dernière enquête, ce sentiment anti-immigrés a progressé.

 

Dans cette vidéo, on se concentre sur les enquêtes sur les valeurs, mais y’a aussi les actes et discriminations racistes qui n’ont pas disparu.

Bref, tout n’est pas rose du tout, mais on a quand même envie d’expliquer ce mystère : comment  le pays peut être de plus en plus tolérant TOUT en connaissant une droitisation des discours et des résultats électoraux.

 

L’abstention différentielle : pourquoi le résultat des élections ne reflète pas le pays

 

Pour expliquer ça, on peut mobiliser un concept important de sociologie électorale : l’abstention ou la participation différentielle.

Les groupes sociaux ont un rapport différent à la participation électorale ou à l’abstention si bien qu’au final, la France qui vote ne ressemble pas tout à fait à la France réelle. Certains groupes – les retraités, les riches, les diplômés, votent plus – et sont sur représentés aux élections. D’autres groupes – les jeunes, les pauvres, les non diplômés, votent moins – et sont sous-représentés.

On détaille cet effet dans cette chouette vidéo sur l’abstention, qui sort vraiment des 3-4 clichés sur l’abstention qu’on a l’habitude d’entendre, et détruit quelques idées reçues. franchement, n’hésitez pas à aller la voir.

Les jeunes votent moins, même à l’élection reine : le premier tour de la présidentielle – où les plus jeunes sont 41% à s’abstenir ! Presque un sur deux, c’est énorme. Et c’est quasiment 2 fois + que les + de 65 ans, avec leur abstention à “seulement” 22%.

Cette sur-abstention des jeunes est encore plus marquée aux élections perçues comme moins importantes, comme les législatives ou les européennes : aux législatives de 2022, c’est carrément 75% des 18-24 ans qui se sont abstenus. 3 jeunes sur 4, c’est dingue à quel point les jeunes pèsent peu dans l’élection des députés !

Chez les + de 65 ans, à la même élection, l’abstention n’était “que” de 34% ! Même chose aux européennes.

La France qui vote, plus âgée, est donc moins tolérante que la France réelle, plus jeune et plus abstentionniste, et, c’est une des raisons qui expliquent que le champ politique penche de plus en plus vers la droite.

 

Je dis “”vers la droite” et non “vers l’extrême droite” parce que, lorsqu’on regarde les votes RN ou Marine Le Pen par âge, on remarque qu’elle ne fait pas carton plein chez les plus vieux.

Prenons les européennes de 2019 ou les élections nationales de 2022, on voit que les + de 65 ans lui accordent beaucoup moins de votes que la moyenne nationale.

Chez eux, c’est possible que quelque chose reste de l’image très négative du FN de Jean-Marie Le Pen des années 80-90, une image associée à la torture en Algérie, au négationisme, à l’extrême droite qui a collaboré avec les nazis.

 

Que se passe-t-il si on ajoute les autres candidats d’extrême droite qui, surtout lorsqu’on pense à Zemmour et à Reconquête, réalisent de meilleurs scores chez les plus âgés ?

Bah on retrouve le même phénomène : les scores chez les + de 65 ans sont inférieurs à leur moyenne nationale.

On peut donc penser qu’en général, l’extrême droite profite moins de la surmobilisation des personnes les moins tolérantes, les personnes âgées.

 

Qui tire les marrons du feu de l’intolérance ? La droite pardi !

A chaque élection, la droite sous-performe dans toutes les catégories d’âge SAUF SAUF SAUF : celle qui vote le plus, les + de 65 ans.

Aux Européennes de 2019, élection où les 3 quarts des jeunes s’abstiennent, le score de la droite est quasi entièrement tiré par ses résultats chez les + de 65 ans.

Et quand on dit droite, on inclut bien évidemment le parti et les alliés d’Emmanuel Macron.

Autant, on peut comprendre qu’en 2017 des électeurs de gauche aient soutenu ce candidat du “en même temps”, autant depuis son arrivée au pouvoir, l’électorat de Macron est typique de celui de la droite classique D’ailleurs ça ne trompe pas, la plupart des ministres du 2ème candidat viennent de la droite.

 

La participation ou l’abstention différentielle permet donc d’expliquer pourquoi la France la plus tolérante – la France des plus jeunes – ne se retrouve pas dans les urnes et pourquoi l’arène politique entière est tirée vers la droite qui a repris les thèmes de l’extrême droite.

 

Les cadrages politique et médiatique, le rôle de la question sociale

 

Ce grand mouvement de droitisation, on le voit très bien quand on regarde l’évolution des cadrages politique et médiatique.

Dans les années 60-70-80, le champ politique était structuré par les questions économiques et sociales – comment construire la Sécu, la retraite, le SMIC, les services publics.

Ca fait qu’une France beaucoup plus raciste et xénophobe qu’aujourd’hui pouvait voter beaucoup moins à l’extrême droite et beaucoup plus à gauche que maintenant.

C’est ce que note le politiste Tristan Guerra :

[ SOURCE : Le Monde, “Immigration : tolérance de la société, vote à l’extrême droite, le paradoxe français”, 20 octobre 2023 ]

La question dominante, c’était les demandes économiques et sociales. On voit ça très bien dans les mêmes enquêtes d’opinion, en regardant non plus l’indice longitudinal de tolérance mais l’indice des PRÉFÉRENCES SOCIALES.

Cet indice agrège depuis 45 ans les réponses à des questions sur le rôle de l’État dans l’économie, les services publics, ou la redistribution, pour évaluer les demandes sociales des Français.

 

Pour simplifier, on peut voir ça comme le baromètre de la demande de politiques économiques de gauche.

Notre indice était au plus haut dans les années 70, jusqu’à l’élection de François Mitterrand. Depuis, il pas mal varié. Et c’est très intéressant de regarder à quels moments historiques correspondent ses variations.

Notre indice était assez haut vers 1995-1997 quand Chirac se faisait élire président sur la “fracture sociale” et quand la “Gauche plurielle” de Jospin triomphait à l’Assemblée.

Au début des années 2000, à l’époque où le PS privatisait, notre indice s’est effondré, et c’est en 2002 que Jean-Marie Le Pen est passé au second tour, devant le PS de Jospin. Intéressant, non ?

Après la crise financière de 2008, notre indice est remonté en flèche jusqu’ à atteindre avant l’élection de Hollande, quasiment son niveau d’avant l’élection de Mitterrand en 1981.

On voit que l’élection de François Hollande n’a pas été portée uniquement par de “l’antisarkozysme”, mais aussi par un vrai désir de redistribution, de services publics et d’intervention de l’Etat. Le discours sur “mon ennemi, c’est la finance” et le premier bon score de Mélenchon, font écho à ces demandes.

Avec les politiques d’austérité du Parti socialiste, notre indice s’est effondré, pour atteindre son point le plus bas vers 2014-2015, au cœur du quinquennat Hollande.

Depuis, ça a remonté, mais ça reste pas folichon par rapport à 2012 et à 1980. Je ne sais pas vous, mais même si cet indice n’explique pas tout, on se dit que ça peut être intéressant de suivre son évolution ! Ça a l’air d’être un pouls pas si mauvais de la “demande de gauche” dans le pays.

[ SOURCE : Vincent Tiberj, “Valeurs, les leçons du long terme”, 2014, Note 18 p.3 ]

 

Autre grand changement par rapport aux années 80’s, l’immigration est devenue un sujet majeur pour les gouvernements.

Alors que, depuis la création de la Vème République en 58, il n’y a eu aucune loi sur l’immigration jusqu’à 1985, la France a connu 14 lois sur l’immigration depuis 1993. 14 en 31 ans c’est une loi tous les 2 ans. Je ne pense pas qu’un autre sujet ait été autant “légiféré” et mis à l’agenda politique que l’immigration.

[ SOURCE : Wikipedia, “Chronologie du droit des étrangers en France”, 2024 ]

Le champion de cette inflation législative, Nicolas Sarkozy, a même créé un ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’Identité nationale pour placer ces questions au centre de sa politique et faire comme si la question de l’immigration était liée à l’identité de la France.

[ SOURCE : Décret n° 2007-999 du 31 mai 2007 ]

L’identité nationale et l’immigration devenues des questions centrales reprises par les gouvernements, il est beaucoup plus facile pour l’extrême droite de tirer des profits politiques d’une France pourtant de plus en plus tolérante.

 

Les médias ne sont pas en reste dans cette banalisation des thèmes identitaires et intolérants.

Une équipe française a analysé les programmes de plusieurs chaînes de télé de 18h45 à 21h30 de janvier 2013 à décembre 2017. L’enquête a donc couvert à la fois les attentats de Paris, de la crise des migrants et les élections présidentielles et législatives de 2017.

Les chercheurs ont remarqué qu’alors qu’avant septembre 2015 et la crise des réfugiés l’immigration ne représentait que, 3.3% des sujets, elle a depuis occupé 5.9 % du temps d’antenne jusqu’à la fin 2017. On parle de quasiment deux fois plus de sujets !

[ SOURCE : Schneider-Strawczynsk et Valette, “Media Coverage of Immigration and the Polarization of Attitudes”, 2023, Table B1 p.55 ]

Ce quasi doublement des sujets sur l’immigration n’a pas changé les niveaux de soutien ou de rejet de l’immigration dans la population générale.

 

Par contre, parler 2 fois plus d’immigration à la télé, ça a polarisé le débat. Les personnes qui étaient modérément favorables à l’immigration le sont devenues “complètement” et les personnes modérément défavorables sont devenues encore plus opposées.

[ SOURCE : Schneider-Strawczynsk et Valette, “Media Coverage of Immigration and the Polarization of Attitudes”, 2023, Table 3 p.20 ]

Ce résultat des chercheurs se retrouve d’ailleurs dans les positionnements politiques de la droite. Comme on l’a dit en intro, Macron comme Ciotti ont rapproché leurs positions sur l’immigration de celles de Marine Le Pen ou de l’extrême droite.

 

Mais il n’y a pas que la quantité de sujets sur l’immigration dans les médias qui peut polariser les opinions. Il y a aussi la façon dont l’immigration est abordée.

Une étude américaine récente a montré, de manière hyper carrée, que lorsqu’une agence de presse a commencé à bannir des termes défavorables à la migration comme “migrants illégaux”, les lecteurs de ces dépêches ont eu une attitude plus favorable à l’immigration.

[ SOURCE : Milena Djourelova, “Persuasion through Slanted Language: Evidence from the Media Coverage of Immigration”, 2023, pp.3-4 ]

On peut donc légitimement penser que, si ça marche dans un sens, ça peut marcher dans l’autre. Avec des discours médiatiques de plus en plus hostiles à l’immigraiton et à l’islam – comme ceux que proposent par exemple les médias de Bolloré – le public va suivre et devenir encore plus intolérant.

 

Voilà quelques éléments qui permettent de comprendre que, même dans une société globalement plus tolérante, avoir des champs politiques et médiatiques qui insistent toujours plus sur l’immigration, sur l’islam et sur les “valeurs de la République” bah ça va polariser la société, favoriser des positions extrêmes et faire le jeu de la droite et de l’extrême droite.

Mais comme on l’a vu, ça ne correspond pas nécessairement au mouvement de fond de la société française.

 

Conclusion

 

Voilà venu le moment de conclure… pour aujourd’hui. Parce que oui, cette première vidéo n’est qu’une introduction au sujet de l’extrême-droite en France

Je ne sais pas vous, mais pour nous, c’est important et urgent de clarifier ce qu’est le RN aujourd’hui, d’analyser son programme, ses propositions, ses contradictions aussi, et de diffuser ça au public le plus large possible. Pareil pour Zemmour, et pour le reste de l’extrême-droite en France.

Aujourd’hui, on a commencé avec une note d’espoir. On a vu que la droitisation politique et médiatique du pays, incontestable, qui fait le jeu de l’extrême-droite, ne veut pas dire que “les Français” en général sont plus xénophobes et intolérants qu’il y a 10, 20 ou 30 ans.

Si on en croit les enquêtes de valeur sur le long terme, c’est même l’inverse qui se produit. Les jeunes générations sont de plus en plus tolérantes, et même les anciennes générations deviennent plus tolérantes en vieillissant.

Il y a en réalité un gros écart, et même un fossé, entre la France réelle, celle qu’on croise dans la rue, avec sa jeunesse, et la France des urnes et des débats de plateaux télés.

 

Est-ce que ça peut changer ? Pourquoi les jeunes se sont-ils autant éloignés du vote ? Que peuvent faire les partis qui veulent les représenter ? La réponse à ces questions pourrait bien décider bientôt de l’avenir de notre pays

Côté extrême-droite, mille questions se posent aussi : qui vote pour le RN et pour Zemmour ? Et en particulier, qui sont les pauvres qui votent pour le RN ? Que vaut la théorie des “fachés, pas fachos” ?

 

Nous, on a aussi envie d’aller voir ce qui se passe quand on va examiner les thèmes fétiches de l’extrême-droite sur une base factuelle. On a commencé ce travail sur Osons Comprendre, avec deux vidéos : La France, à moitié musulmane en 2050 ? et celle sur le thème raciste du Grand remplacement. Spoiler : on n’a pas les mêmes conclusions que Zemmour 🙂

Mais on pourrait continuer sur les thèmes de l’extrême droite : est-ce que la délinquance s’est aggravée en France depuis 20, 30, 40 ans ? Quel est le lien réel entre l’immigration et la délinquance ? Est-ce que l’immigration pèse sur les salaires et le chômage des Français ?

En répondant à ces questions, on pourrait bien découvrir que les principales idées de cette famille politique sont basées sur des erreurs et des fantasmes.

Et je ne vous parle même pas des positions du RN sur les sujets qui intéressent moins ses électeurs, comme l’écologie ou l’énergie.