Améliorer la qualité de vie et la santé de millions de citoyens, réduire de 20 % nos émissions de gaz à effet de serre et d'1/4 notre conso d'énergie, assurer l'indépendance de la France en économisant des milliards, le tout en créant des emplois, nous vous présentons LE meilleur investissement pour notre pays.
Mettre fin à la précarité énergétique qui fait souffrir des millions de gens en plus de coûter très cher humainement, surtout, mais aussi économiquement – au moins 600 millions d’euros par an consacrés à soigner des maladies évitées par une meilleure isolation
C’est aussi réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. Des logements bien isolés avec un chauffage bas carbone, c’est jusqu’à 20% de nos émissions actuelles qui sont éliminées
C’est réduire nos besoins en gaz et en fioul et, ainsi, faire un grand pas dans la transition énergétique hors des énergies fossiles. Bonus : la dépendance de la France aux pétromonarchies, régimes rarement très sympathiques sera réduite d’autant.
C’est relancer l’économie et créer des centaines de milliers d’emplois non délocalisables au 4 coins de la France, dans les grands centres comme dans les périphéries.
Enfin, il suffit que l’isolation soit bien faite pour que le coût des travaux soit amorti sur le long terme. Même sans compter les autres bénéfices indirects, mieux isoler les bâtiments est rentable.
Pour comprendre l’état de nos logements, il faut regarder les étiquettes des diagnostics de performance énergétique qui mesure l’énergie nécessaire pour chauffer le logement.
Un logement classé A consomme moins de 50 kWh d’équivalent pétrole par m² et par an, alors qu’un logement classé G en consomme plus de 450 pour arriver à la même température. Un logement de classe G consomme donc facilement 10 fois plus d’énergie qu’un logement en classe A pour chauffer la même surface. La différence de consommation est énorme !
En France en 2018, selon le département d’études statistiques du Ministère du Développement durable (Tableau 1), les logements “basses consommation” bien isolés, les classes A et B représentent 1.89 millions d’appartements et de maisons. Il s’agit donc d’1 logement sur 20 (6,6%).
Le gros du parc, trois quart des logements, est classé C, D et E. Ces 22 millions de logements consomment beaucoup plus d’énergie que les logements basse consommation.
Les pires logements sont ceux classés F ou G qu’on appelle des “passoires thermiques”. 4,8 millions de logements, soit 1 logement sur 6.
Ces gouffres énergétiques, c’est très souvent des logements anciens. Plus de la moitié [54.6%] de ces passoires thermiques date d’avant 1945 et 80% [81%] ont été construits avant 1974, date de la première réglementation sur l’isolation des bâtiments (Tableau 2).
Aujourd’hui, les normes de la construction ont beaucoup progressé : depuis 2012, les quelques centaines de milliers de logements qu’on construit chaque année sont souvent des logements basse consommation, en classe A ou B. 84 % des logements de classe A ont été construits après 2012 et 73 % des classes B après 2000 (Tableau 2).
L’enjeu aujourd’hui, n’est donc pas l’isolation des nouveaux logements mais la rénovation des rénover les 29 millions de bâtiments anciens, en commençant bien sûr par les 4,8 millions de passoires thermiques qui vont pour la plupart rester habitées pendant encore de nombreuses années.
Aujourd’hui, on n’en est pas tous conscients, mais beaucoup de Français ont des difficultés à se chauffer pendant l’hiver.
Ne pas parvenir à se chauffer correctement, on appelle ça être en précarité énergétique.
Il y a deux définitions de la précarité énergétique.
La première, la plus violente, c’est carrément de vivre dans le froid. Beaucoup de gens, faute de moyens, sont obligés de limiter le chauffage et de vivre en hiver dans des logements à 16, 14, parfois 12 degrés.
Cette situation très difficile est vécue, selon l’Observatoire National de la Précarité Énergétique, par au moins 1 million de foyers, où vivent 1 français sur 7. Pendant l’hiver 2019, c’est pas loin de 700.000 foyers qui ont même eu des coupures de chauffage parce qu’ils étaient en retard sur leurs factures. [ Chiffres clefs de la précarité énergétique ]
L’autre définition de la précarité énergétique c’est de consacrer une part très importante de son revenu disponible pour se chauffer.
Cette définition est un peu plus large, elle inclut des gens qui parviennent à se chauffer suffisament (à 18-19-20 degrés) mais qui grèvent leur budget pour ça.
Cette précarité énergétique là, elle touche selon l’INSEE près de 10 millions de Français. C’est particulièrement le cas chez les ménages de moins de 30 ans (43.1 % des ménages de la catégorie en précarité énergétique) et les retraités (21.1 % de la catégorie). Les ménages jeunes en précarité énergétique sont le plus souvent locataires d’un appartement en ville alors que les précaires énergétiques retraités vivent plutôt dans une maison individuelle rurale dont ils sont propriétaires (p.20). Pour certains, la facture de chauffage peut monter à 20-30% de leurs revenus.
La précarité énergétique est une question de revenu, certes, mais aussi et peut-être même surtout une question d’isolation des logements. La plupart des précaires énergétiques vivent dans des passoires thermiques, dans des logements mal isolés et mal chauffés, qui consomment beaucoup trop.
Si grâce à une bonne rénovation thermique, vous transformez votre maison ou votre appart passoire thermique en un logement basse consommation, en A ou en B, vous divisez les besoins de chauffage par au moins 4 et jusqu’à 10 quand on parle des pires passoires. Quand la facture de chauffage monte à 2-3000 euros par an, diviser les coûts par 4 ou par 10, ça fait une énorme différence.
Vivre dans une maison trop froide, c’est mauvais pour la santé. Ce schéma, inspiré d’une étude britannique (p.14) et repris dans une présentation d’une des spécialistes françaises des impacts sur la santé du mal logement, Véronique Ezratti (p.2), illustre les effets du froid sur la santé.
Plus précisément, des études ont montré des liens entre un appartement mal chauffé ou mal aéré (présence de moisissures) avec de nombreuses pathologies : les angines, les rhumes, les crises d’asthme et les sifflements respiratoires. [ Sources Ezratti (p.9), ARS Ile-de -France, Ledesert 2013 (pp.36-50) , AIE 2013 ]
Toutes ces maladies évitables dues à des logements mal isolés, mal chauffés, pourrissent la vie des habitants et ont un coût pour la société que des chercheurs ont évalué.
Le résultat fait froid dans le dos. D’après leurs calculs, l’Assurance maladie dépense 634 millions d’euros chaque année pour soigner des maladies qu’on aurait pu éviter avec des logements sains et bien isolés.
Ces maladies évitables coûtent tellement cher que l’étude estime que, pour 1 euro dépensé à rénover les passoires thermiques occupées par des personnes sous le seuil de pauvreté, l’Etat économise 1,65 euros en frais de santé.
SOURCE : Dr Véronique Ezratty –Colloque ONPE –Bordeaux, le 23 novembre 2018, pp 12-13
Aux effets sur la santé, il faut ajouter les dommages psychologiques et sociaux, plus difficiles à comptabiliser, mais qui peuvent être terribles aussi.
Pour échapper au froid, les gens dorment parfois à 4 ou 5 dans la seule pièce chauffée chez eux. Imaginez la promiscuité, le manque d’intimité pour les parents comme pour les gosses. Imaginez les tensions, les galères pour faire les devoirs. Imaginez comment ça doit être pour des ados. Parfois, les précaires énergétiques se replient sur eux-mêmes, et se privent peu à peu de vie sociale. Ils peuvent avoir honte de recevoir des amis chez eux, et arrêter d’en inviter. Ils peuvent refuser les invitations par peur de devoir les retourner, et peu à peu s’isoler.
SOURCES : ONPE, «Revue des approches existantes pour l’analyse des impacts de la précarité énergétique sur la santé des populations» 2019
Baronnet, Les coûts économiques, sociaux et sanitaires du mal logement, 2012
Le chauffage des logements est une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre.
Les émissions du secteur résidentiel se divisent en émissions directes (le fioul ou le gaz utilisé pour chauffer les logements ou faire la cuisine) et en émissions indirectes (les énergies fossiles utilisées pour produire l’électricité nécessaire au chauffage et au refroidissement des logements). Il est admis que le chauffage représente 60 % des émissions directes et indirectes du secteur résidentiel, le reste des émissions est dû à l’eau chaude sanitaire, à la cuisson et à l’utilisation de l’électricité.
Voici le calcul des émissions de gaz à effet de serre imputable au chauffage des bâtiments en 2016.
SOURCES : Carbone 4 et SNBC (p.11), CAIT “historical emissions, UCTF included”
( Emissions directes 89 MtCO2e + Emissions indirectes 27 MtCO2e ) X 60 % = Emissions du chauffage 69.6 MtCO2e
Ces 69.6 MtCO2e représentent 19.9 % des émissions de gaz à effets de serre (349.4 MtCO2e) de la France en 2016
Si vous isolez mieux les bâtiments et que, supplémentairement, vous remplacez les chaudières au fioul et au gaz pour les remplacer par des chaudières bas carbone – à bois, pompe à chaleur électrique, solaire – il est possible de baisser considérablement les émissions de gaz à effet de serre.
La stratégie nationale bas carbone adoptée par la France en 2020 (p.25) ambitionne de faire passer les émissions directes du résidentiel de 93 MtCO2e en 2015 à 5 MtCO2e en 2050. Il s’agit d’une réduction de 95 %.
C’est ce qu’a déjà réussi à faire la Suède.
Les logements en Suède sont assez bien isolés – ils consomment 3 fois moins qu’en France par mètre carré (p.23). Le chauffage restant est assuré par un mix bas carbone de chauffage au bois et de chauffage électrique décarboné, au total, le chauffage n’émet quasiment plus rien.
SOURCE Haut conseil pour le climat, Rénover mieux : Leçons d’Europe, p.24
La Suède est l’exemple qu’il nous faut imiter.
Troisième bénéfice de la rénovation thermique, elle permet de diminuer nos besoins en énergie, sans perdre en qualité de vie.
Chauffer et refroidir nos bâtiments représente une part très importante de l’énergie qu’on consomme. En 2018, chauffer et climatiser les bâtiments résidentiels et tertiaires, c’est-à-dire les logements et les bureaux, représentait 25 % de l’énergie consommée en France.
La France a importé en 2018 24.1 milliards d’euros de pétrole brut, 10.8 milliards de produits pétroliers raffinés et 10.7 milliards d’euros de gaz naturel.
Nous avons calculé la part de ces carburants fossiles utilisée pour le chauffage à partir du bilan énergétique physique de la France en 2018
SOURCE : Bilan énergétique de la France pour 2018, Commissariat général au développement durable, 2020, p.116.
L’usage “résidentiel” représentait 8.7 % de la consommation finale énergétique de pétrole (4.72/54.34) et 29 % de la consommation primaire de gaz naturel.
La France a donc importé 3 milliards d’euros de pétrole pour se chauffer (8.7 % de 24.1+10.8 milliards d’euros) et 3.1 milliards d’euros de gaz naturel (29 % de 10.7 milliards d’euros).
C’est grosso modo 5-6 milliards d’euros qui, chaque année, quittent la poche des Français pour aller enrichir – entre autres – le Kazakhstan, l’Arabie Saoudite, la Norvège ou la Russie, nos principaux fournisseurs de gaz et de pétrole (respectivement pages 38 et 35).
En 2020, dans sa stratégie nationale bas carbone, la France s’est donnée comme objectif de rénover complètement 500 000 logements/an d’ici à 2030, puis de monter à 700 000/an jusqu’en 2050.
SOURCE Stratégie nationale bas carbone, Mars 2020, p.90
Si on se lance sérieusement dans ce grand chantier, c’est pas difficile de comprendre que ça créerait un grand nombre de nouveaux emplois !
Le Haut conseil pour le climat cite une estimation de 500 000 nouveaux emplois à créer pour la rénovation des bâtiments (p.46). Ces emplois seront utiles sur des dizaines d’années.
Quand on sait que début 2021, en France, le nombre de chômeurs sans aucune activité (Catégorie A) était de 3,5 millions, on mesure l’impact positif très fort que pourrait avoir la création sur quelques années de 500.000 nouveaux emplois !
Faut savoir que ces dernières années l’Etat dépensait entre 4 et 5 milliards d’euros par an pour rénover le logement social et pour inciter des propriétaires à rénover leurs logements.
SOURCE Résorber la précarité énergétique et rénover les passoires thermiques, Institut Negawatt, 2018, p.62
Ces milliards prenaient la formes de dispositifs variés que vous connaissez peut-être. Il s’agit de Ma prim rénov, ses Certificats économies d’énergies, ses combles à 1 €, de la Prime coup de pouce ou encore du dispositif Eco- PTZ (liste non exhaustive).
Il est difficile de se faire une idée précise de l’efficacité de ces milliards d’euros. Il n’existe aucun dispositif d’évaluation, aucune statistique fiable pour savoir combien de logements ont été réellement rénovés avec ces milliards et si les travaux ont bien été efficaces, si les logements ont bien gagné des classes énergétiques.
Nous disposons d’une étude, l’enquête TREMI, qui s’intéresse aux rénovations de pavillons. Selon cette étude 75 % des rénovations de pavillons étudiées n’ont même pas fait gagner une seule classe énergétique au logement.
On aurait moins de 90.000 logements par an (260 000 / 3) qui montent de deux classes énergétiques. Et on ne sait même pas si, parmi ceux là, combien arrivent à l’objectif final, les classes A ou B. Si on regarde ceux qui arrivent à l’objectif final, la classe A ou B, c’est encore moins.
SOURCE : Enquête TREMI in, Ademe. (2019). « Climat, air et énergie – Chiffres-clés 2018 », p.147
Si la rénovation thermique est bien faite, avec l’ensemble des travaux réalisés en une seule fois de manière coordonnée et intelligente, le coût des travaux est assez rapidement rentabilisé.
Une synthèse des experts de l’association Négawatt montre qu’une rénovation complète, bien faite, est rentabilisée en 12 à 30 ans, sans subvention, juste avec les économies de chauffage !
Voilà pourquoi Négawatt et d’autres experts plaident pour des prêts de longue durée à taux zéro – parfois complétés par des subventions d’Etat. Si la rénovation est complète et bien réalisée, les travaux se payent tous seuls grâce aux économies de chauffage.
Le programme DOREMI en a d’ailleurs fait la démonstration. Des pavillons qui étaient de vraies passoires thermiques ont été rénovés de fond en comble, en une fois, jusqu’à atteindre la classe B.
Les économies de chauffage sont telles – entre 2 et 3000 euros économisés chaque année – qu’elles dépassent le prêt à rembourser. Les familles gagnent de l’argent dès la fin des travaux.
Évidemment, elles vivent mieux, et une fois le prêt remboursé, c’est que du bénef !
Un récent Rapport d’information sur la rénovation thermique des bâtiments de l’Assemblée nationale (p.104) estime que, pour parvenir à rénover adéquatement 500 000 puis 700 000 logements par an, il faudrait que l’Etat monte son financement jusqu’à 15 à 25 milliards d’euros annuels.