L'humanité est accro au plastique et les déchets s'accumulent. Que deviennent nos déchets plastiques ? Combien finissent à l'océan ? Combien sont exportés ? Combien sont recyclés ? On vous dit tout.
Aujourd’hui, le plastique est partout autour de nous. Dans les emballages bien sûr, dans le bâtiment (fenêtres, installations électriques, plomberie etc.,), dans les vêtements (chaussures, . Tshirt, pull, maillots de foot etc.), dans de multiples objets de la vie courante (stylos, feutres, couverts, jouets etc.), dans les transports (le plastique est de plus en plus présent dans les voitures)
Avec tous ces usages, l’humanité a produit toujours plus de plastique. En 2015, on comptait déjà 8 milliards de tonnes de plastique produites.
Sur ces 8 milliards de tonnes produites, plus de 6.3 milliards sont aujourd’hui des déchets. Que sont-ils devenus ?
Au total, la majeure partie du plastique produit depuis les années 50 a échoué dans des décharges ou carrément dans la nature. Moins de 10% a été recyclé !
On fait un peu mieux aujourd’hui, mais le plastique déversé dans la nature continue à être un énorme problème.
Chaque année, environ 10 % des déchets plastiques de l’humanité finit dans les rivières, les lacs ou les mers.
Il s’agit tout de même d’environ 20 millions de tonnes de sacs plastiques, de pailles, de touillettes, de bouteilles ou d’objets plus curieux qui se retrouvent chaque année à la flotte !
Quelques rivières, majoritairement en Asie, sont responsables de l’essentiel du flux de déchets qui arrive à la mer.
L’Europe quant à elle, si on retient les pires estimations, ne rejetterait qu’au maximum 0.7 % de ses déchets plastiques à la mer.
Ces déchets s’accumulent le long des rivières ou des côtes et finissent par s’accumuler dans les océans. On a tous entendu parler des fameux “continents de plastique” qui flottent un peu partout et dont le plus gros, dans le Pacifique Nord, fait la taille de l’Iran ou de la Mongolie
Ces “gyres” comme on les appelle techniquement regroupent des déchets de toutes tailles qui tuent et blessent chaque année pas mal d’animaux.
Le plastique, une fois jeté dans l’environnement, ne disparaît jamais. Le déchet s’érode et se sectionne jusqu’à former des morceaux de plus en plus petits, de la taille de quelques nanomètres (un millimètre c’est un million de nanomètres).
Ces micro ou nano particules de plastiques se retrouvent un peu partout dans notre corps : dans les poumons, le système digestif, le foie et même notre système sanguin et notre cerveau.
Quels effets ces particules de plastiques ont-ils sur notre santé ?
Après avoir épluché les revues d’études scientifiques les plus récentes (juin 2021 a, juin 2021 b, juillet 2020), nous nous sommes rendus compte que la recherche sur ce sujet était encore en cours. Certains effets sur la santé sont déjà visibles (des dommages respiratoires pour les travailleurs du bâtiment très exposés aux inhalations de micro plastiques), certains effets sont supposés (des effets inflammatoires, hormonaux, des dommages sur le système immunitaire, digestif ou sur le foie) mais rien n’est encore solidement établi.
Nous serons attentifs aux développements futurs de ces recherches parce que les milliards de tonnes de plastiques dans la nature peuvent constituer de véritables bombes à retardement si le plastique s’avère dangereux pour la santé humaine.
Est-ce que l’Asie est notre poubelle plastique ?
Et bien la réponse nous a surpris : en 2018, seulement 6,5% (1.9 Mt exportées / 29.1 Mt produites) des déchets plastiques européens sont exportés hors de l’UE.
Surtout, on en exporte deux fois moins en 2020 qu’il y a 10 ans.
La baisse s’est accélérée à partir de 2017 parce qu’à cette date, la Chine a suspendu les importations de déchets plastiques. La Chine refuse à présent les déchets plastiques de l’étranger pour mieux trier, collecter et recycler et valoriser les déchets qu’elle produit.
Autre remarque : oui l’Asie représente une part importante des exportations européennes de déchet plastique mais cette part décroît fortement. Aujourd’hui, la Turquie et plus généralement les pays d’Europe de l’Est sont les destinations privilégiés de nos exportations.
En 2018, l’Union Européenne (Suisse et Norvège incluses) a généré 29.1 millions de tonnes de déchets plastiques. (Plastics Europe, Plastics – The facts 2020, p.30). Ces déchets ont été en partie recyclés, en partie incinérés et en partie mis en décharge.
En moyenne à l’échelle du continent, 32 % des déchets ont été recyclés. C’est bien mieux qu’en 2006 (19 % à l’époque). Certains pays sont en avance (Allemagne ou Espagne) et d’autres, comme la France, sont à la traîne. En France nous ne recyclons même pas un quart des déchets plastiques.
L’important est probablement d’éliminer le plastique mis en décharge. Dans 100 ou 200 ans, toutes ces tonnes de plastiques vont se dégrader en micro ou nano particules qui, potentiellement, pourraient s’avérer dangereuses pour la santé humaine. Certains pays (p.32), comme l’Allemagne, le Bénelux ou la Scandinavie, ont déjà éliminé la mise en décharge du plastique. Il serait bon que le reste de l’Europe leur emprunte le pas.
Incinérer à l’avantage d’éliminer complètement le risque sanitaire des micro ou nano plastiques. Cependant, brûler le plastique pour générer de la chaleur ou de l’électricité n’est pas une solution parfaite : cela émet des gaz à effet de serre.
Selon l’ADEME, brûler une tonne de plastique génère l’équivalent de 600 à 900 kg de CO2 selon les types de plastique.
Si on brûlait tous les déchets plastiques européens, on génèrerait chaque année l’équivalent d’environ 20 Mt de CO2. Attention à ne pas exagérer l’importance de ces émissions. 20 Mt représentent à peine 0,5% du total des émissions de l’Union européenne. [ 20 / 3763.9 = 0.5 % ]
Tous les plastiques sont, en théorie, recyclables. Seulement, les coûts du recyclage chimique et les imperfections de tri complique la donne.
De plus, quand on recycle du plastique, on dégrade sa qualité. Seulement 5 % des bouteilles plastiques en PET sont recyclées en “boucle fermée” – c’est-à-dire redeviennent des bouteilles. Ça veut dire que 95 % des bouteilles recyclés
Concrètement, ça veut dire que les bouteilles plastiques, les bouchons, les barquettes alimentaires deviennent souvent des cintres, des arrosoirs, des bacs à fleurs ou même des fibres pour le textile, le rembourrage des canapés ou pour l’isolation.
Qu’on s’entende, ce “décyclage”, il permet de réutiliser du plastique et donc, d’économiser de la matière première, du pétrole et d’émettre moins de gaz à effet de serre. C’est donc déjà bien.
Mais si on veut que le recyclage soit “durable”, il ne faut pas qu’à chaque étape la qualité du plastique diminue. Des équipes travaillent à produire du plastique recyclable à l’infini ou presque, mais rien ne garantit qu’ils y parviennent.
L’agence environnementale danoise a lancé une étude en 2018 pour connaître les bilans carbone et environnementaux en analyse de cycle de vie des différents types de sacs de course au cours de leur cycle de vie. Les résultats sont impressionnants.
Le tableau ci-dessous (page 79) compare différentes matières de sacs de courses au “sac plastique de référence”, le sac en LDPE (Polyéthylène basse densité) que nous connaissons tous. Le tableau indique combien d’utilisations sont nécessaires pour que l’impact de chaque matière soit inférieur à celui du sac LDPE classique.
On voit qu’un tote bag en coton ordinaire a 50 fois plus d’impact sur le climat et 7100 fois plus d’impact sur l’environnement qu’un sac plastique standard.
Pour chaque tote bag acheté, faudrait donc éviter 7100 sacs plastique avant que l’environnement et le climat soient gagnants ! 🙂
Et vous voulez un truc ironique ? SI vous achetez un tote bag en coton bio, il faut qu’il vous évite 20 000 sacs plastiques avant que l’environnement y gagne (150 avant que le climat n’y gagne).