Déforestation : tout comprendre en 20 minutes - Osons Comprendre

Déforestation : tout comprendre en 20 minutes

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Biodiversité, climat, oxygène, les forêts rendent de nombreux services à notre planète. Mais elles sont menacées. Cette vidéo fait le point sur l'importance de la déforestation.

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Points clés

  • Les forêts qui couvrent un peu moins du tiers des terres émergées, produisent la moitié de l’oxygène qu’on respire et stockent d’immenses quantités de CO2. En prime elles abritent aussi une importante biodiversité. Les forêts se concentrent dans certaines parties du monde, autour des tropiques, mais aussi en Russie, au Canada et aux États-Unis.

 

  • Aujourd’hui, la déforestation et les changements d’utilisation des sols libèrent du carbone qui était stocké. Cela cause autour de 10% de nos émissions de gaz à effet de serre. On déforeste surtout en Amazonie, en Afrique équatoriale et en Indonésie, des forêts vierges tropicales qui sont malheureusement les plus riches en biodiversité et en stockage de carbone.

 

  • La principale cause de déforestation est l’agriculture et l’élevage. En Amazonie : entre le soja qu’on cultive pour le bétail et les zones où on élève les boeufs, on retrouve les causes de 90% de la déforestation amazonienne. En Indonésie, c’est surtout l’huile de palme qui remplace la forêt, pour l’alimentation et depuis quelques années, pour faire du biodiesel qui n’a de “bio” que le nom. En Afrique, les causes sont plus variées, et l’agriculture vivrière, celle qui nourrit les populations locales, a plus d’importance. Plus la productivité agricole augmentera vite en Afrique, et moins on déforestera. Il faut aussi y remplacer le bois dans la cuisson des aliments.

 

  • Attention, la déforestation n’est pas un problème “lointain”. Entre 30 et 40% de la déforestation mondiale est de la déforestation importée. En France, les produits les plus à risques de déforestation sont l’huile de palme, le soja, le cacao, le cuir, et… le bois.

 

  • Dans ce tableau bien noir notons tout de même deux bonnes nouvelles. La déforestation a commencé à ralentir. Et il y’a même certaines régions du monde où on afforeste, où les forêts gagnent du terrain.

 

  • On a enfin vu que les forêts peuvent être des alliées extraordinaires du climat. Stopper la déforestation et planter de nouvelles forêts là où c’est possible pourrait nous permettre d’effacer plusieurs années de nos émissions de gaz à effet de serre. Mais attention, si le réchauffement climatique passe les 3-4°, les forêts tropicales pourraient se transformer en savanes et libérer énormément de carbone, et aggraver d’autant le réchauffement climatique.     Bref, le plus tôt on protège nos forêts le mieux ce sera, pour elles, pour le climat, et pour nous 🙂

Sources et références

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Les forêts, un trésor naturel. Biodiversité, oxygène, stock de carbone

 

Les forêts recouvrent un tiers des terres émergées du monde, 31% pour être exact. Elles sont concentrées dans certaines zones.

Autour de l’équateur, on a les forêts tropicales, en Amazonie, en Afrique et en Indonésie.

Les forêts boréales et tempérées, elles se trouvent en Russie, au Canada, en Europe et aux Etats-Unis. La Russie par exemple abrite 20% des forêts du monde.

Ces forêts sont un véritable trésor de biodiversité. Elles procurent un habitat à 80 pour cent des espèces d’amphibiens, 75 pour cent des espèces d’oiseaux et 68 pour cent des espèces de mammifères, des orangs outans aux lémuriens en passant par les tigres et les phacochères (Source : FAO, State of the World Forests, 2020, p.20).

Les végétaux avec la photosynthèse, retirent le CO2 de l’air, et le stockent dans les branches, dans les feuilles, dans les fleurs et dans les racines sous forme de cellulose. Les végétaux, et les forêts en particuliers, sont donc un immense, un gigantesque stock de carbone.

En 2020, on estime que les écosystèmes forestiers stockent 662 milliards de tonnes de carbone (Source : FAO, Global Forest Resource Assessment, 2020 p.11).

Pour prendre conscience de l’importance de ce stock en regard au réchauffement climatique, il faut convertir nos émissions annuelles d’équivalent CO2 en tonnes de carbone. On obtient donc le calcul suivant.

 

Émissions annuelles GES 2016 : 49.358 Gt CO2e

Coefficient de conversion CO2 => Carbone : 0.2726

Émissions annuelles de GES 2016 en Gt C : 49.358 X 0.2726 = 13.46 Gt C

Puis on divise le stock de carbone des forêts par ces émissions annuelles : 662 Gt C / 13.46 Gt C = 49.2 années.

 

Cette immensissime stock de carbone, il représente l’équivalent de presque 50 ans de nos émissions de GES de 2016. Dit autrement, brûler toutes les forêts et tous les végétaux du monde représenterait 50 ans d’émissions de GES actuelles.

Ce stock immense de carbone, si l’on en croit le Global Forest Resouces Assesment 2020 p.11, il ne se trouve pas que dans les arbres. En gros, 45% du carbone est dans les arbres et les végétaux vivants, 10 % est dans le bois et les feuilles mortes et les 45 % restant, c’est du carbone stocké dans la matière organique qui fait le sol des forêts.

Raser une forêt c’est donc libérer non seulement le carbone des arbres mais aussi celui du sol ce qui, vous vous en doutez, est pas top pour le climat.

 

La déforestation : un problème pour le climat

 

Détruire les forêts qui stockent du carbone, ça génère un paquet d’émissions de GES. La déforestation et le changements d’usage des sols, selon le dernier rapport du GIEC, c’est 11 % du réchauffement climatique en 2010 (GIEC 2014, Rapport de synthèse, p.115  ).

On regroupe donc sous le terme de “déforestation” l’ensemble des changements d’usage des sols qui détruisent des végétaux. Raser des forêts, soit la déforestation au sens strict, c’est bien sûr le plus gros morceau. Mais la stat inclut aussi le : bétonnage des prairies, les marais asséchés. bref toutes les destructions de végétaux (p.25).

 

Ou se produit la déforestation ?

 

Regardons d’abord les pays qui ont le plus causé d’émissions de gaz à effet de serre par la déforestation de 1990 à 2017. Pour toute cette partie, nos statistiques proviennent de la base de données en ligne de la FAO.

Les forêts qui ont occasionné le plus d’émissions sont d’abord celles d’Indonésie et du Brésil.

L’Afrique n’est pas en reste avec, notamment, les forêts de Zambie, du Soudan ou de la Tanzanie.

D’ailleurs, si on regarde les émissions liées à la déforestation non plus par pays mais par continent, on voit que l’Afrique mène le classement.

Le drame c’est qu’en rasant les forêts tropicales, on déforeste nos meilleures forêts.

Les forêts tropicales stockent plus de carbone et abritent plus de biodiversité que n’importe quelle autre forêt.

 

 

Les causes de la déforestation

 

Comprendre les causes de la déforestation c’est bien sûr indispensable si on veut savoir comment la stopper.

On voit très bien sur le graphique de gauche (p.83) que la première cause de déforestation est, de loin, l’agriculture. Quand on met ensemble agriculture commerciale et agriculture de subsistance, on voit que l’agriculture est responsable de près de 95 % de la déforestation en Amérique latine, de 75 % en Afrique et de 70 % de la déforestation en Asie.

Cela dit, le mot “agriculture” peut recouvrir des réalités très différentes.

En Amérique latine, l’agriculture est surtout extensive et destinée au commerce. Une étude récente de 2019 évalue même que le seul élevage des boeufs est responsable de 78 % de la déforestation au Brésil. Si on ajoute au boeuf une autre marchandise très liée à la viande, puisqu’elle sert à nourrir les animaux, le soja, on a la cause de près de 90 % de la déforestation brésilienne. Bref, en Amazonie, la déforestation, c’est la viande. [SOURCE Pendrill et al. 2019, Appendix table 1 nos calculs “ Forest + Peat, moyenne 2010 – 2014 ]

En Asie du sud-est, et particulièrement en Indonésie, l’agriculture c’est surtout l’huile de palme. La même étude de 2019 nous dit que les culture oléagineuses (alias l’huile de palme) représentent 45 % de la déforestation en Indonésie et 25 % de la déforestation dans toute l’Asie tropicale.

En Afrique, l’agriculture qui déforeste est pas mal vivrière – c’est à dire qu’elle nourrit directement les populations locales – et elle n’est pas causée par un produit en particulier. L’étude de 2019 montre des causes “panachées”. On déforeste à 23% pour des céréales, à 24 % pour des légumes et des fruits variés et à 22% pour du bétail.

Par contre l’Afrique a une spécificité quand on regarde les facteurs expliquant la dégradation des forêts, c’est-à-dire les endroits où on ne rase pas les forêts mais où on les dégrade, ce qui nuit beaucoup à la biodiversité.

En Afrique, plus de la moitié de la dégradation des forêts (graphique de droite) s’explique par le bois de chauffe ou de cuisson. Ca veut donc dire que, lorsqu’on réfléchit au causes de de dégradation des forêts, il faut aussi penser à développer d’autres technologie de chaleur en Afrique : la chaleur solaire ou électrique par exemple. Il faut que les populations qui vivent proches des forêts puissent chauffer autrement qu’en brûlant leur bois.

 

La déforestation importée : le cas de la France

 

Si la France importe du soja qui a été produit sur une parcelle déforestée au Brésil, on dit qu’elle importe de la déforestation. Ce concept de déforestation importée permet d’attribuer  la déforestation au véritable responsable : dans notre exemple, le consommateur français de soja.

 

Notre étude de 2019 sur les causes de la déforestation nous apprend que ce serait entre 30 et 40% de la déforestation mondiale qui serait de la déforestation importée ! C’est donc loin d’être anecdotique.

Qu’en est-il de la France ? Et bien WWF a produit une étude en 2018 qui évalue les produits qui font courir le plus de risque de déforestation importée en France.

Si on regarde les pourcentages en rouge, qui indiquent le “risque de déforestation”, on remarque qu’en première classe, Tout en haut du classement, on a l’huile de palme dont 84 % des tonnes importées sont à risque de déforestation.

Le deuxième produit le plus à risque de déforestation, c’est le soja. 73 % des importations françaises de soja sont à risque.

En 3, beaucoup moins connu du grand public pour ses effets sur la déforestation, on retrouve le cacao dont 57 % des fèves comportent des risques de déforestation.

En 4, on le cuir. Selon WWF, un tiers du cuir occasionne d’important risques de déforestation. 

Et enfin, en 5, on a le bois.C’est assez facile de comprendre que la consommation de bois tropical cause de la déforestation. Le Teck d’Indonésie par exemple, il vient directement des forêts primaires. Mais il n’y a pas que les essence “tropicales” qui sont concernées par la déforestation. WWF alerte particulièrement sur les importation de bois russe.

Voilà le top 5 des produits les plus à risque de déforestation en France.

 

Ce qui s’améliore. Là où les forêts gagnent du terrain

 

D’abord, si on regarde les émissions annuelles de GES liées à la déforestation et à l’usage des sols au niveau mondiale, on constate qu’elles ont baissé de 20 % entre la période 90-05 et la période 2006-17.

Ensuite, il faut savoir que le monde déforeste moins d’année en année.

On voit bien, dans le dernier rapport 2020 de la FAO sur l’état des forêts dans le monde (p.14), que le rythme de la déforestation a un peu diminué depuis les années 90. En 30 ans , on est passé de 16 millions d’hectares de forêt perdus chaque année à 10 millions.

 

Et, autre point positif, il y a de nombreux endroits dans le monde où les forêts progressent, où on fait l’inverse de la déforestation ! Quand il y a plus de forêts, on dit qu’il y a afforestation. Vous voyez que quand on ajoute (en vert) l’expansion des forêts à certains endroits du monde, ça compense une partie de la déforestation (en rouge).

Parmi les pays qui ont le plus reboisé ces dernières décennies, on trouve la France 🙂

Dans les 30 dernières années, la France s’est reboisée de 2,7 millions d’hectares, c’est l’équivalent de toute la région Bretagne qui est retournée aux forêts (Source : Inventaire forestier)

Alors attention, il faut mettre un gros bémol, parce que les nouvelles forêts, notamment celles qu’on plante, ne sont pas toujours équivalentes aux forêts qu’on rase.

En Chine par exemple, une étude a montré que les nouvelles forêts exploitées en monoculture, c’est-à-dire avec une seule essence d’arbre, stockent moins de carbone que les forêts primaires chinoises, les forêts “naturelles”, qui, elles continuent à être rasées.  [SOURCE : Liu and all. 2018]

 

Les forêts un puit à CO2

 

Dans un article paru en 2019 dans la prestigieuse revue Science, des chercheurs se sont amusés à calculer le potentiel maximal de CO2 que les arbres pourraient capter.

Ils ont calculé que si on fait pousser des nouvelles forêts partout où c’est possible, sans empiéter sur les villes ou les terrains agricoles existantes, alors toutes ces nouvelles forêts pourraient stocker 205 milliards de tonnes de carbone.

205 mds de tonnes de carbone, c’est l’équivalent de 15 ans de nos émissions actuelles.

Selon le même type de calcul que ci-dessus on a : 205 / 0.2727 / 49.358  = 15.2 ans

Gagner 15 ans d’émissions de GES à l’échelle du monde, ça serait énorme.