Produire de l’électricité sans pétrole
A partir des chocs pétroliers, la part du pétrole dans la production d’électricité s’est effondrée.
Le pétrole faisait autour de 20% de l’électricité du monde en 1973. En 1985, c’était déjà moins de 10%. Cette baisse spectaculaire s’est ensuite prolongée. Aujourd’hui, le pétrole c’est moins de 4% de l’électricité produite dans le monde.
Le pétrole n’a pas été remplacé par des E.N.R, les énergies solaires et éoliennes étaient à l’époque encore balbutiantes. C’est le gaz et surtout le nucléaire qui ont pris la place du pétrole dans la production d’électricité.
A propos du nucléaire, notons, l’impact de ces programmes nucléaires sur le climat a été important. Des chercheurs ont calculé que l’électricité nucléaire, en remplaçant les centrales à pétrole ou à charbon, a permis d’économiser 64 Gt de CO2 au total soit l’équivalent de 2 années d’émissions mondiales de CO2 du niveau de 2010. En gros, les centrales nucléaires ont fait gagner 2 ans au climat.
Se chauffer sans pétrole
Le chauffage au fioul (c’est à dire au pétrole) qui était très courant au début des années 70s a été remplacé progressivement, par du chauffage au gaz et de du chauffage l’électrique.
En France en 1973, la moitié des logements étaient chauffés au fioul et 20% au charbon ! Le chauffage électrique était négligeable. La part du pétrole dans le chauffage a fondu (celle du charbon aussi d’ailleurs), alors que le gaz et l’électricité se sont développés à toute vitesse. En 2015, environ 80 % des logements français se chauffent au gaz ou à l’électricité, Notons tout de même qu’il reste un peu de chauffage au fioul à dégager.
La situation de la France ne fait pas exception. Aujourd’hui, dans le monde, l’utilisation de pétrole pour produire de la chaleur est négligeable.
Le pétrole ne produit même pas 4 % de la chaleur en 2017. [SOURCE : AIE, Electricity information 2019, cliquer sur “Indicator” et choisir “Heat Generation by Source”]
Bref, pour la chaleur comme pour l’électricité, les chocs pétroliers ont démarré une transition qui a éliminé quasi intégralement le pétrole de ces usages. Le pétrole a été remplacé par d’autres sources d’énergie.
L’efficacité énergétique
Mais on a fait plus que “substituer” d’autres énergies au pétrole. On a aussi enclenché un grand mouvement d’économie d’énergie.
La consommation des voitures par exemple a beaucoup baissé dans les années 70s dans les pays développés. Ce graphique tiré d’un rapport du CAE de 2010 (p.24) le montre clairement.
Aux États-Unis, la baisse est spectaculaire. En quelques années la consommation est passée de 18l/100 à 8l/100 km. En Europe on est passé de 10 à 8l/100.
Toujours au chapitre “efficacité énergétique” des progrès ont été fait dans l’isolation des bâtiments. Motivée par les chocs pétrolier, la France a introduit en 1975 les première normes obligatoires d’isolation pour les bâtiments neufs. Ces normes ont été renforcées en 1982 après le 2eme choc pétrolier.
Et elles ont été efficaces. On voit très bien la consommation d’énergie de chauffage décroître à mesure que les normes se renforcent. Si vous souhaitez consulter d’autres exemples que celui d’une maison chauffée au gaz, reportez vous à la page 3 de ce rapport.
Le découplage entre consommation de pétrole et PIB
La transition énergétique déclenchée dans la douleur au moment des chocs pétroliers a diminué la dépendance au pétrole.
De nombreux pays riches ont vu un découplage de leur croissance économique et de leur conso de pétrole. En clair, ce découplage signifie qu’on produit plus de richesses avec moins de pétrole.
En Europe, le PIB a été multiplié par deux et demi depuis 1973 et la consommation de pétrole a baissé de 12%.
En France, le découplage PIB consommation de pétrole est encore plus impressionnant.
La consommation de pétrole a chuté de 40% entre 1973, l’année du pic, du maximum de consommation et 2018. Durant la même période, l’économie française, le PIB, a été multiplié par 2 et demi.
Le plastique à usage unique
En 2017 selon le BP Energy Outlook 2019 (p.18), un tiers du plastique produit dans le monde est utilisé pour un “usage unique”.
Selon les estimations de BP, (p.17) diminuer drastiquement la consommation de plastique à usage unique pourrait faire baisser la demande de pétrole de 5% d’ici 2040.
Le détail du calcul : 6 mb/d économisés / 106.4 mbd produits au total (AIE WEO 2019 p.132) = 5.6%
Gagner 5% sur des gobelets et des touillettes, c’est pas mal 🙂
Se passer du pétrole dans les transports
Les transports c’est les 2/3 du pétrole qu’on consomme. On dit “les transports”, mais en réalité, le gros de la consommation vient de la route qui regroupe les voitures 30% et les camions 20 %.
Concentrons nous sur l’avion. Notons d’abord que malgré les progrès dans la consommation de kérosène, les émissions du secteurs et ses besoins de pétrole augmentent année après année (p.32).
Pourtant l’aviation ne représente qu’une très faible part des trajets faits dans le monde et 4 humains sur 5 n’ont jamais pris l’avion de leur vie.
Pour diminuer l’utilisation de pétrole dans l’aviation, le plus simple reste de moins prendre l’avion. Pour ça, interdire les vols courts où il est facile de prendre le train, et, surtout, TAXER raisonnablement le kérosène sont des bons leviers. Rappelons qu’en France les taxes représentent 60% du prix du diesel alors que les taxes sur le kérosène c’est 0. Oui oui, 0% de taxes pour le carburant avion.